Christine Horman
J’ai une… une tendresse pas… pas en soi, mais quand je regarde celle, très courte, de « En dedans ». Où je vois, moi je suis sur le côté donc on me voit pas vraiment, mais je vois l’harmonie qu’il y a entre la musique de Marie et les mains d’Evelyne comme ça qui dansent sur cette musique. Mais je trouve ça magnifique. Je sais pas comment elles ont réussi à faire ça. On dirait qu’elles sont connectées avec l’esprit. Mais tout d’un coup il y a quelque chose là je trouve qui se passe.
Et ce texte-là il a quelque chose de très particulier parce que c’est un texte que j’avais depuis très longtemps, que j’avais un peu écrit en… en poésie. Et que je… où je trouve quand même que… que même depuis très longtemps je porte ce truc : qu’on est isolé, qu’il faut quand même s’ouvrir au monde, que le chagrin est là, que c’est qu’une fois que le chagrin est exprimé qu’on rentre dans… dans le monde, mais qu’il faut ce courage-là. Que c’est pas rien. Et donc tout était un peu là comme ça. Et tout d’un coup le voir en capsule il me touche particulièrement.
Je trouve que c’est le plus mystérieux, je crois. C’est peut-être celui qui dit sans dire. Et je trouve que, qu’il est vraiment comme… comme un poème musical avec une chorégraphie des mains dessus. Le fil en soi, c’est d’avoir le courage de sortir de soi. « Être en dedans » c’est… Ça peut-être… C’est aussi une protection de savoir trouver en soi sa force, sa ressource et tout ça. Mais si, alors là je vais parler en mon nom, parce que ça je sais bien faire, trouver une ressource en moi et voilà, mais si avec cette ressource je ne fais rien et je n’arrive pas à aller vers l’extérieur, ben ça peut être un peu mortifère à moment donné. Donc c’est trouver le mouvement juste entre trouver la ressource en soi et quand même trouver à l’extérieur les endroits qui font écho à ça et qui… et là on peut rencontrer des gens. On n’est pas obligé de confronter d’emblée le monde et ses… et ses bruits, et son brouhaha et sa violence. Il y a des endroits doux dans le monde.
Marie Thys
Il y a quelque chose qui dans celui-là qui me touche peut-être un peu plus maintenant, à la période où je suis. C’est que pour moi il y a une sorte de, comment je le ressens peut-être avec la musique et l’ensemble du texte et comment c’est… comment aussi on me raconte les… tout ce qu’il se passe aussi avec Evelyne, c’est qu’il y a une espèce de… de chose un peu… comme une espèce d’ambiance peut-être de tristesse, mais de tristesse ouverte. Et qui fait que même quand on est triste, ne se plie pas sur soi-même. On peut avancer. Moi je connais dans ma vie la joie. Je connais dans ma vie la colère. C’est des choses qui me font avancer. Mais je connais un peu moins la chose en demi-teinte. La tristesse. Et je sens que j’en ai quand même beaucoup en moi. Comme tout le monde hein, fin. Voilà. Mais que quand je ressens la tristesse je peux pleurer. Ou dans mon intimité parfois les gens me voient pleurer, mais c’est pas des moments que… que j’ose traverser avec lesquelles j’avance, avec laquelle j’avance. Avec lesquelles j’avance quoi. Et dans cette capsule-là, pour moi, il y a quelque chose de ça. La tristesse qui.. avec laquelle on marche et puis qui peut se transformer du coup en… la tristesse, le poids de la vie. Le côté un peu lourd, ouais un peu dur de la vie. Et on marche, on marche, on marche. Et puis du coup ben j’allais dire « ça devient de plus en plus lourd ». Non. Au contraire, on marche et ça se… fin on continue à marcher quoi. Et puis ça peut du coup se transformer après. Et il y a peut-être ça dans. C’est vrai qu’il y a… j’ai toujours bien aimé la traverser avec elle cette capsule-là. Elle était aussi… peut-être aussi dans le fait de jouer du violoncelle et de chanter. Il y a un côté un peu reposant comme ça. Et on a l’impression qu’on avance, voilà.
Isabelle Puissant
Celle en dedans, qui est peut-être une figure de… que moi j’ai pu percevoir comme une figure… un moment de résignation, de chagrin, mais qui… qui se dépasse. Et qui va quand même sortir de ça. Et s’engager dans la marche contre la domination.
Christine Horman
Je sais que à la fin de « En dedans » « Elle ouvre ses yeux sur le m… donc elle pleure… » Comment je dis à la fin ? « Ses larmes coulent, mais elle ouvre ses yeux sur le monde… et elle ouvre ses yeux sur le monde » je dis. Et Evelyne fait un truc, « Les larmes coulent » et elle fait un truc comme ça. Et Nicoletta qui voit ça elle fait « Oh c’est beau ces larmes qui coulent sur le monde ». Et tout d’un coup à une formule un peu littéraire que j’ai, parce que ça « En dedans » c’est un texte que j’avais écrit il y a très longtemps et que j’ai gardé comme ça, tout d’un coup elle met une image comme ça qui est… qui est… qui est sublime. Et ça quand je vois le travail d’Evelyne qui fait ça je me dis : « Rah, mais en tant que conteur c’est vraiment ça qu’on doit faire quoi avec les mots… » Trouver le pass… que les mots peignent une image en oubliant un peu notre formule écrite.