Les lignes rouges du réseau associatif de Solidaris
Au lendemain des élections régionales, fédérales et européennes, nous, réseau associatif de Solidaris (Soralia, Sofélia, Liages, Latitude Jeunes et Esenca), déplorons la montée globale de l’extrême droite et une nette consolidation de la droite dans nos Parlements, tant en Belgique qu’au niveau de l’Union européenne. L’extrême droite est une réelle menace pour notre démocratie, nos libertés et nos droits, plus particulièrement pour l’ensemble de nos publics (tant les personnes précarisées, que les femmes, les jeunes, les personnes en situation de handicap, les personnes LGBTQIA+ ou encore les personnes âgées). Nous rappelons donc l’importance absolue de maintenir le cordon sanitaire en Belgique et de refuser toute alliance avec l’extrême droite, de quelque nature qu’elle soit et peu importe l’instance envisagée. Nos associations restent par ailleurs particulièrement vigilantes par rapport aux programmes politiques de droite qui mettent en cause notre État social et s’éloignent de nos revendications. En effet, la droite et l’extrême droite représentent une mise en péril des corps intermédiaires comme les associations, les syndicats, les collectifs et les mutualités.
Face à ces résultats, nous, forces de gauche, devons plus que jamais nous unir et reconquérir le terrain des récits. Nous devons continuer à coconstruire un projet de société alternatif, fondé sur des valeurs communes et émancipatrices telles que l’égalité, la solidarité, l’inclusivité et le respect du vivant. Nous le savons, les prochains mois seront rythmés par des négociations entre les partis et la formation de nouveaux Gouvernements. Dans ce cadre, nos associations seront intransigeantes sur plusieurs points :
- Nous exigeons une protection sociale et des services publics à hauteur des besoins et assurant des conditions de vie digne à la population. Leur financement doit reposer sur une politique fiscale juste, garantissant une redistribution plus équitable de la richesse produite. Or, à ce jour, les recettes de la sécurité sociale sont insuffisantes. La solution n’est pas de réduire les prestations mais bien de garantir le financement de l’État social, qui doit reposer sur une contribution juste et progressive des individus et des entreprises, dépendante de leurs revenus et des profits.
- Nous réclamons l’individualisation des droits sociaux, avec en priorité, la suppression du statut de cohabitant⸱e qui a été budgétisée par le PS lors de la dernière législature. Cette mesure, que nous dénonçons depuis des décennies, est à la fois obsolète au regard de l’évolution de nos structures familiales mais également totalement injuste vu que chacun⸱e cotise de manière individuelle. Plusieurs partis politiques en ont fait leur cheval de bataille : nous souhaitons désormais que les actes dépassent les mots.
- Nous demandons la mise en place de mesures concrètes permettant la réelle effectivité du droit à un logement décent inscrit dans la constitution. Pour de trop nombreuses personnes encore, le logement est une source de préoccupation là où il devrait constituer un socle de stabilité et un bouclier contre la précarité. Nous réclamons que le logement ne soit plus traité comme un marché ordinaire mais comme une question de santé publique.
- Nous revendiquons une réelle application de la Convention ONU relative aux droits des personnes handicapées et notamment avec un renforcement de la prise en compte du handicap dans l’ensemble des politiques (Handistreaming), en vertu de l’article 22 ter de la Constitution Belge. Cela implique d’assurer un niveau et une qualité de vie digne et inclusive pour chaque personne, quel que soit le handicap rencontré, à tous les niveaux de la vie et ce dès le plus jeune âge. Des enjeux fondamentaux comme le niveau de revenus, d’allocations, mais aussi d’accessibilité à toutes les sphères de la vie sont des éléments incontournables.
- Nous refusons la marchandisation des corps des femmes. En 2019, une proposition de loi rédigée par les socialistes et cosignée par les libéraux, les écologistes, le PTB et Défi visant à améliorer les conditions d’accès à l’avortement avait été déposée. Le CD&V avait alors monnayé sa mise au frigo afin de monter dans la coalition Vivaldi. Nous ne cautionnerons pas que le droit à l’avortement soit une nouvelle fois au cœur d’un chantage politique honteux. En effet, nos associations resteront mobilisées afin de faire aboutir favorablement ce dossier et d’améliorer les conditions d’accès à l’avortement en Belgique.
Les élections n’ont jamais été une fin en soi, mais bien une étape démocratique qui permet d’ouvrir de nouveaux horizons politiques, tantôt heureux, tantôt malheureux. Ces prochaines années, comptez sur nous, notre devoir de vigilance, nos missions de plaidoyer et notre travail de relais de la parole citoyenne ne seront que plus forts.