Cette pandémie Covid-19 aura tué chez nous quelques 10 000 personnes, dont des personnes en situation de handicap majoritairement âgées de plus de 65 ans, mais pas que !
Pour une partie importante, quelques 50 %, des personnes vivant dans des lieux collectifs : résidentiels, maisons de repos, maisons de repos et de soins… Ce Covid-19 a révélé tragiquement, publiquement, ce que Esenca, comme d’autres associations de personnes en situation de handicap, dénonçons depuis des années : le déni du droit d’expression des personnes en situation de handicap, et l’insuffisance indécente de services et de prestations permettant à ce public de vivre librement ! Du jour au lendemain, des milliers de personnes, de tous âges, se sont retrouvées enfermées, emmurées officiellement. Leur droit de comprendre, de réfléchir à leur légitime protection et risque à prendre, écrasé. Et cet enfermement, nommé «sanitairement» confinement, a été légitimé sans scrupules. Cela tant pour les résidents dans des lieux collectifs, qu’à domicile aussi, car privés de prestataires de soins (débordés, en sous-effectifs…) et de services de livraisons à domicile !
Les lieux de vie collectifs aujourd’hui ne sont pas conçus pour que la personne soit « chez elle », locataire, avec les droits (et les devoirs) qui devraient y être liés. D’ailleurs, elle est désignée «résidente», «bénéficiaire»… C’est cette situation qui pousse tant de personnes en situation de handicap à répéter le modèle institutionnel. Mais cette crise démontre que ce n’est pas la collectivité qui enferme, c’est l’absence et l’insuffisance de services, prestataires, généraux et spécifiques pour assumer son autonomie et la reconnaissance non négociables de l’individu dans sa capacité d’exprimer et d’exercer ses choix de vie !
Et dans le même temps, des centaines de proches ont dû assumer, full time, sans aides d’aucune sorte, le rôle d’aidant proche ! Parce que des services fermaient ou que le confinement absolu était le seul horizon. Ces aidants proches ont, durant des semaines, assumé ce que la société n’était pas ou plus capable d’exercer. Et ce n’est pas la reconnaissance d’aidant proche qui les aurait aidés, car il n’y avait pas de servies ou de prestataires pour les assister.
Il n’est pas question de nier l’ampleur de la crise sanitaire ; ni l’enjeu majeur et essentiel de soutenir et de protéger les personnels soignants, éducatifs… qui se sont retrouvés submergés, sans protection, mais cette pandémie a mis au grand jour que le statut de vulnérabilité attribué aux personnes en situation de handicap, quel que soit leur âge, s’est révélé mortifère et déshumanisant.
Tout au long de ce confinement, Esenca s’est mobilisée pour interpeller les responsables politiques, pour trouver des solutions, pour négocier, pour communiquer les difficultés et les besoins. Avec d’autres collègues associatifs, avec le Conseil Supérieur National des Personnes Handicapées.
Esenca a 100 ans ! Cela lui donne la force et les ressources pour les 100 prochaines années à défendre l’inclusion pleine et entière.
Gisèle Marlière – Président
Dans le PDF, les articles sont disponibles en Facile à lire et à Comprendre – FALC.